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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La peste - Un roman d'Albert Camus

La-peste-Albert-Camus.jpgAvec la peste, le temps s’efface ; seul l’instant demeure. Le passé est trop difficile à porter pour ceux qu’elle menace, les souvenirs étant comme autant de lames lacérant l’esprit et le cœur en prolongeant un monde désormais révolu. L’avenir quant à lui, n’existe pas, parce qu’il faut un peu espérer pour l’entrevoir. La peste condamne tout, y compris la mémoire et l’espoir. Avec la peste, c’est aussi une monotonie froide qui s’installe insidieusement et gagne les vivants, comme un serpent frôlant le sol pour mieux attraper sa proie avec discrétion. Le présent s’éteint progressivement, sans la lumière de l’avant et de l’après, jusqu’à ce qu’une profonde obscurité enveloppe tout. Avec la peste, c’est également toute la souffrance de la terre qui se diffuse pour saisir n’importe qui, n’importe quand, sans jugement, ni erreur. La peste est d’une rigueur mathématique. Sa logique est implacable. L’enfant est une victime toute aussi désignée que l’est le plus effroyable des criminels. La peste, comme tout fléau, est un accélérateur. Elle prend à chacun sa condition de mortel pour la réaliser au plus vite. Avec la peste, c’est une mort à grande échelle qui témoigne de l’absurdité de la vie en sursis. Que reste-t-il alors à faire pour ceux dont elle est le quotidien et qui d’un moment à l’autre, sans prévenir, peut les atteindre ? Que penser devant cet enfant pestiféré dont la bouche se tord une dernière fois juste avant de mourir pour laisser échapper une plainte inhumaine ? Dieu à cet instant est-il encore présent ? Le docteur Rieux, le personnage central du roman de Camus, La peste, par son attitude donne réponse à ces questions. Il continue, sans héroïsme, à exercer son métier de médecin. Il continue, face à toutes ces morts aussi absurdes les unes que les autres, à être un homme, en n’admettant pas la peste qui sévit tout en refusant de devenir un saint, ni à trouver un refuge en se donnant totalement à Dieu. Le docteur Rieux est un révolté dans chacun de ses gestes médicaux, et cette révolte est digne parce qu’avec et en elle, il comprend qu’il faut aimer les hommes pour ne pas se laisser aller emporter par l’absurdité de leur condition, y compris lorsqu’elle prend le visage de la peste.

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