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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Je est un autre...ou quand l'homme ne se possède pas

Alienation-de-soi.jpgL'aliénation signifie la perte de ce que l'on possède. Concernant un bien, la notion est plus de l'ordre de l'échange ; je transmets la propriété de ce qui m'appartient à une autre partie. L'aliénation est également le fait de ne pas jouir de ce que je produis, par mon travail par exemple. Le bénéfice de mon effort, qu'il soit physique ou intellectuel et parce qu'il est employé au profit de quelqu'un d'autre, ne me revient pas directement. Certes, je suis indemnisé pour cet abandon, sous la forme d'un salaire, car sinon il s'agit d'esclavage. Enfin, on distingue une troisième catégorie d'aliénation : la perte de soi. Je ne suis plus maître de ma personne, n'en disposant plus comme je l'entends ou comme je crois l'entendre. C'est sur ce point qu'il est plus diffiçile de distinguer le fait d'être aliéné ou pas. S'il s'agit d'être à la merci d'autrui, la question ne se pose guère. Mais pour ce qui est du moi, nous sommes peut-être aliénés sans le savoir, ou à tout le moins nous ne l'admettons pas. En effet, nous possédons-nous totalement ? A cette interrogation, Rimbaud répond : « je est un autre ». Ainsi, sur la base de cette affirmation rimbaldienne, trois sources aliénantes sont identifiables. La première consiste à considérer l'homme comme un projet. Je ne suis jamais absolument moi en étant perpétuellement en devenir. Comment pourrais-je ainsi détenir ce qui sans cesse évolue ? La seconde idée relève de l'inconscient. Il existe un chef à bord que je ne maîtrise pas, parce que mon champ d'action s'arrête aux frontières de la conscience. Enfin, le troisème cas de dépossession est relatif au jugement d'autrui à mon propos. Ma personne s'y trouve en effet entièrement soumise à l'appréciation de celui qui me juge.

L'homme est peut-être plus aliéné qu'il ne le pense ou ne l'admet. Il peut posséder un bien, un animal, voire un être humain dans certains cas ; mais quant à sa personne, elle lui échappe en partie.

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