22 Mai 2011
Spinoza écrivît dans Ethique que le philosophe est celui dont la « sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ». Le philosophe d’Amsterdam s’opposait ainsi à Platon, lequel considérait que philosopher, c’est apprendre à mourir. La philosophie doit-elle ainsi être une méditation sur la vie ou sur la mort ? Philosopher, est-ce se préparer à la mort ou apprendre à vivre ? Quel que soit la réponse, Platon et Spinoza se rejoignent dans ce qu’ils visent. Tous deux en effet pensent l’être, l’essence, le vrai, l’immuable. Leur différence se situe dans la façon de le penser. Platon est dualiste et selon lui, l’âme supplante le corps mais si elle lui est prisonnière. Philosopher, c’est se débarrasser des pressions corporelles qui détournent la pensée, pour atteindre la vérité. Le bonheur en quelque sorte est ailleurs, ce que ne croit pas Spinoza. C’est ici et maintenant que les choses se font et que les évènements se passent. Il s’agit de vivre tout de suite tout en sachant que l’homme est une partie finie d’une substance elle infinie. La mort d’ailleurs s’inscrit dans ce rapport entre la finitude humaine et l’infini de l’Univers. C’est de ce rapport que naissent les passions, entre joie et tristesse. La première est un accroissement de l’être, la seconde une diminution. Ainsi, on préfère aisément la joie mais si celle-ci n’est que passionnelle, elle disparaît aussi sûrement qu’elle nous touche. Une joie durable et solide se travaille, avec l’entendement et la philosophie. Philosopher, c’est avec la raison dépasser la passion pour la connaître et la vivre mieux. Philosopher avec Spinoza, c’est également comprendre que l’homme fait partie d’un tout éternel et que ce tout, sans lui, ne serait pas ce qu’il est. Avec Spinoza, on comprend que l’homme est un morceau d’éternité, éternité dont il peut avoir le sentiment, de son vivant, et non en direction d’un arrière-monde qui peut-être n’existe pas. Pascal pariait sur Dieu, Platon sur un monde des idées. Spinoza, lui, ne parie pas. Il joue le bonheur tout de suite.