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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Nietzsche plus proche du Christ que l'Eglise, selon Camus

Camus-Nietzsche.jpg« Le nihiliste n’est pas celui qui ne croit à rien, mais celui qui ne croit pas à ce qui est. » Cette proposition extraite de L’homme révolté, d’Albert Camus, résume une partie essentielle de la pensée de Nietzsche. Est nihiliste celui qui refuse le réel pour se détourner vers autre chose qui n’est pas. Le nihilisme est le point de départ d’une fuite. Camus, à travers Nietzsche, nous explique que le christianisme, comme le socialisme, sont des modes de pensée nihilistes. Ce que Nietzsche critique à propos du christianisme, c’est la morale qu’il a accolé au discours du Christ. Nietzsche ne condamne pas Jésus Christ, mais ceux qui ont porté son message après l’avoir travesti. Camus nous dit, sur ce thème et à propos de Nietzche : « Le Christ, pour Nietzsche comme pour Tolstoï, n’est pas un révolté. L’essentiel de sa doctrine se résume à l’assentiment total, la non-résistance au mal. Il ne faut pas tuer, même pour empêcher de tuer. Il faut accepter le monde tel qu’il est, refuser d’ajouter à son malheur, mais consentir à souffrir personnellement du mal qu’il contient. Le royaume des cieux est immédiatement à notre portée. Il n’est qu’une disposition intérieure qui nous permet de mettre nos actes en rapport avec ces principes, et qui peut nous donner la béatitude immédiate. Non pas la foi, mais les œuvres, voilà, selon Nietzsche, le message du Christ. » Ainsi, le ciel serait en nous et pas ailleurs, le chemin vers Dieu plus dans nos actes que dans la foi. Le message du Christ, tel que présenté ici par Camus, n’est guère éloigné de l’Amor Fati de Nietzsche : aime ton destin, apprécie ce qui est, adhère à ce qui t’arrive. Nietzsche est certainement bien plus proche du Christ que l’Eglise peut l’être. Nietzsche déteste les cathédrales parce qu’elles sont la négation de la vie, en imposant à celle-ci une fin sous forme de récompense ou de pêché, alors qu’aucune finalité, ni sens à priori, ne la dirige. Le philosophe semble tout autant accabler le socialisme, selon Camus, qu’il qualifie de « christianisme dégénéré ». N’est donc pas nihiliste celui que l’on présente souvent comme tel, l’athée par exemple, mais celui qui impose une morale au détriment de la vie, une morale sortie d’un ailleurs, donc de nulle part.

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