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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

La confusion des sentiments - Un roman de Stefan Zweig

La-confusion-des-sentiments-Zweig.jpgLa passion est parfois comme une vague furieuse emportant tout. L’eau est l’élément le plus envahissant qui soit ; la passion l’est tout autant à propos de l’âme. On lui oppose la raison, mais celle-ci est comme ces digues fragiles qui ne retiennent qu’un temps l’inondation inéluctable. La raison est nécessaire mais elle ne peut pas tout. Le doit-elle d’ailleurs ? Peut-être que non. N’est-il pas mieux que de se laisser emmener par un courant passionnel de sorte que la lame de fond soit bien plus un élan originaire irriguant l’existence ? Passion à l’origine de tout, et pourquoi pas y compris des calculs raisonnés et des considérations raisonnables, tel est semble-t-il le propos de Stefan Zweig tenu dans son roman, La confusion des sentiments. L’auteur y écrit notamment la chose suivante : « Toujours on reconnaît chaque phénomène, chaque individualité dans ce qui en est la flamme, dans la passion. Car tout esprit vient du sang, toute pensée de la passion, toute passion de l’enthousiasme. » Zweig propose ainsi une direction, un sens pour l’existence. Cette direction, c’est celle empruntée par Roland, le personnage principal qui, au seuil de sa carrière universitaire, devant la reconnaissance que lui manifestent ses élèves en célébrant en lui l’homme de savoir, se souvient qu’il est devenu ce qu’il est en s’enthousiasmant d’abord jusqu’à se passionner sans limite avec celui qui devint son maître. Mais la passion n’est pas qu’un tremplin existentiel, elle est également libre de celui qui la porte. Elle ne se laisse guère contrôlée. Roland est passionné sur un plan spirituel, pour son maître il en est différemment à son égard. Leur relation est intense mais cette intensité n’a pas le même objet pour l’un et l’autre. Cet écart crée de la souffrance car il empêche tout accomplissement chez le professeur et l’élève. Ce dernier reste en effet sur un goût d’inachevé, avant tout par l’attitude étrange et versatile de son maître à son encontre. En outre, l’esprit, même s’il se repaît de savoirs divers et variés, ne peut se satisfaire charnellement comme il en va de l’amour physique ; la jouissance n’est que partielle. Mais la passion est bien plus douloureuse quand elle concerne des sentiments amoureux qui jamais ne se partageront avec l’être aimé. Cette douleur vient du refus condamnant la passion sans la faire disparaître. Roland et son maître n’ont eu de commun qu’un enthousiasme pour les lettres, enthousiasme versant l’un et l’autre dans des passions différentes et dès lors inconciliables. Avec La confusion des sentiments, Stefan Zweig nous fait comprendre que la passion c’est la vie, avec tous les soubresauts dont elle est responsable, créatrice et destructrice comme elle peut l’être, tout ceci faisant la richesse de l’existence. Sans passion, nous serions bien pauvres.

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