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Les chemins de la culture

Philosophie, économie, politique, littérature, la culture rendue accessible à tous

Le devoir de mémoire...ou la volonté de ne pas oublier pour l'avenir

Devoir-de-memoire.jpgOn parle de devoir de mémoire, mais de quoi s'agit-il exactement ? La mémoire est une faculté permettant d'avoir conscience au présent de ce qui n'est plus. C'est un retour au passé, une visée sans matière, la mémoire se fournissant de souvenir. La mémoire est aussi oubli ; pour se souvenir, il faut oublier, c'est-à-dire ne pas avoir conscience en permanence de ce qui a été. Et puis la mémoire est sélective. Tout n'est pas retenu, fort heureusement, sinon l'existence serait insupportable, voire impossible. C'est une conduite de vie que d'oublier, parce que vivre c'est à la fois accorder de l'importance et négliger, s'engager ou passer son chemin. La mémoire participe de ces directions, sans recours à la volonté. On oublie sans conscience. Alors, peut-on exiger de faire de la mémoire un objet de devoir ? En d'autres termes, la mémoire peut-elle être vertueuse ? Non, car nous l'avons dit, elle est une faculté. Que dirions-nous alors de ceux qui perdent la mémoire si celle-ci était considérée comme une vertu...Ce n'est donc pas la mémoire qui est assujettie au devoir, mais l'acte volontaire de ne pas oublier. Même si les souvenirs sont fuyants, il est possible volontairement d'éviter l'oubli d'un fait précis, et cette possibilité devient nécessité avec le devoir. Cela implique de sélectionner ce qui est impérativement nécessaire d'être retenu. Obliger à se souvenir de tout reviendrait à n'accorder aucune valeur à toute survivance, alors que le devoir de mémoire est justement destiné à valoriser ce qui est choisi pour être souvenu. Le devoir de mémoire reconnaît ainsi une grande oeuvre, mais il consiste aussi et surtout à ne pas oublier ce qui a été fait, afin de prévenir la collectivité des drames qu'elle a connu pour s'en préserver à l'avenir.

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J
Mmmh J'ai toujours trouvée ridicule ou louche cette expression « devoir de mémoire » En effet, mémoire et volonté ne font pas bon ménage. Plus on veut se rappeler quelque chose, et moins cela fonctionne.<br /> Mémoriser n'est pas un acte volontaire (c'est une adhésion etc) . Garder en mémoire n'est pas un acte volontaire. Se remémorer n'obéit pas à la volonté. Quand on utilise cette expression, c'est pour servir<br /> une cause, une idéologie et on veut mettre sa mémoire au service de cette idéologie ou de cette cause, qui à la tordre un peu. La meilleure façon d'être fidèle à sa mémoire, c'est d'être à son écoute, sans juger, sans faire de tri, sans intention à son égard.<br /> Maintenant, si on prend la mémoire dans un sens plus large, elle est de deux sortes. Il y a la mémoire-savoir si on veut, et il y a la mémoire vivante. Prenons un exemple. X me fait une vacherie à une certaine occasion.<br /> La mémoire-savoir, c'est la mémoire factuelle, (lieu, contexte, action précise, paroles prononcées etc) La mémoire vivante, c'est la mémoire de ce que cela m'a fait, de l'expérience et des ressentis. <br /> En faisant de la mémoire un devoir au service d'une cause , une cause que la culture du moment met en valeur, non seulement on risque de ne pas être objectif avec la mémoire-savoir, mais on risque aussi<br /> d'exercer une pression, une violence sur la mémoire vivante. <br /> Aujourd'hui, il est de moins en moins facile de faire droit à la mémoire vivante et de lui donner la possibilité de s'exprimer par des actes. Elle est pourtant, elle aussi, enracinée dans l'histoire commune.
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