La lucidité pour s'éviter la niaiserie...sans s'empêcher d'être optimiste

L’optimisme parfois n’est éloigné que de très peu de la niaiserie. Un exemple célèbre : Leibniz, lorsqu’il déclare que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, à propos de notre planète. Voltaire, plus tard, le remettra en place dans Candide. Ainsi, l’optimisme appelle un contrôle, une limite. A défaut, il déborde, pour ensuite déformer le réel. Quel serait ce gardien ? La lucidité dirions-nous. Être lucide, c’est se garder de tomber dans un abîme de pensées qui confine le sujet dans l’obscurité. La lucidité certes peut faire mal. La nature en effet n’est pas généreuse, ni bonne, ni mauvaise. La lucidité nous fait également entrevoir les portes de ce désert dans lequel nous sommes plongés, soit ce monde silencieux à notre propos, sans explication quant à notre présence, sans justification pour notre conduite. Manquer à cet instant de lucidité, c’est s’approcher d’oasis qui n’en sont pas, qui n’ont de réel que le charme qu’ils produisent, c’est se donner à des mirages qui hallucinent plus qu’ils ne contentent. Il vaut mieux prendre le taureau par les cornes, accepter lucidement cet horizon désertique pour ensuite y construire, ce que notre solitude nous autorise. Dans ce cas, l’optimisme est bienvenu s’il est volontaire. A l’inverse, être optimiste par dépit, détourne l’existence, en usant de représentations qui ne sont que des trompes-l ’œil. Avec l’éblouissement, l’homme avance péniblement, avec maladresse. L’éclaircissement au contraire lui permet de s’engager franchement dans une direction. Ebloui ou éclairé, la fin est certes la même, mais le chemin aura été tout à fait différent. L’on vit plus intensément avec comme point de départ la lucidité, ce qui n’empêche pas chemin faisant de se donner les moyens d’être optimiste.