25 Février 2013
La nature est indifférente à l’humaine souffrance, nous dit Baudelaire. La nature est également silencieuse. C’est le monde qui est bruyant. Ce bruit pourtant ne nous en dit pas plus, certainement moins d’ailleurs que le silence de la terre et cette absence si visible qu’emplit le ciel. Alors, ciel et terre se valent tous deux, ou bien rien ne vaut. Pas question cependant de sombrer dans le plus profond nihilisme. Rien ne vaut à priori, et c’est tant mieux ! Voilà un point de départ. S’il y avait de la valeur dans la nature, du bien et du mal en soi, nous serions d’autant moins libres. Les prédicateurs de tout genre ont d’ailleurs bien compris quel intérêt il peut y avoir à entretenir un rapport entre un signe hypothétique, comme une confidence du monde dont ils seraient les seuls dépositaires, et la norme. Ce rapport produit un pouvoir en obligeant celui qui y croit à se conformer à ce qui ne lui appartient pas. Cette chaîne, il convient de la briser, mais cette brisure doit aller au-delà du renoncement à une croyance. Ou plutôt, il s’agit de croire par soi-même, et non à travers un autre, ou par le biais d’une image, d’un symbole, d’une idole. Nietzsche les a brûlées, ces idoles, et c’est tant mieux. La cendre est ce que la terre reprend au ciel. La cendre est aussi un terreau, pour croire et croître.